J’ai une petite fille ultra-sociable. C’est simple, depuis son plus jeune âge, je la pose à un endroit, en quelques minutes, un tas d’enfants gravitent autour d’elle. Elle sait depuis toujours être ultra flexible et s’adapter aux personnalités de chacun. Là où tant de conflits opposent à longueur d’années les élèves de sa classe avec des « t’es ma meilleure amie pour la vie » puis des « tu n’es plus mon amie », elle reste toujours en dehors.
Mais, la semaine dernière, alors qu’elle s’apprêtait à partir 1 semaine en classe de cirque avec sa classe, pour la première fois de sa vie, elle a été rejetée par ses copines. La raison reste floue, mais le fait d’être un nombre impair pour faire un placement par 2 dans le car, semble le vecteur essentiel de l’éviction. On le sait bien, les enfants peuvent être cruels entre eux.
Je la laisse donc partir les larmes aux yeux, recueillie par les garçons de la classe. Je peux vous assurer que je n’étais pas tranquille et que toutes mes projections en tant qu’ex-petite fille ultra timide se sont invitées. J’ai patienté toute la journée avant d’envoyer, le soir, un mail à la maîtresse afin qu’elle me rassure. Et, comme j’aurai dû en avoir la certitude connaissant ma fille, elle était déjà passée à autre chose, les joies du trapèze et du jonglage étant plus savoureuses.
Mais cela m’a quand même beaucoup interrogée. Comment vit-on le fait d’être le parent d’un enfant qui s’intègre mal au groupe ? Je pense que le sentiment d’impuissance face à toutes ces émotions ressentis doit être bien complexe.
L’impuissance c’est le bon mot, car la seule personne pouvant changer cette situation au sein du groupe est l’enfant lui-même. Mais bien souvent, l’intimidation et le rejet ont altéré trop fortement son estime de lui-même, l’empêchant d’agir. Le fait d’intervenir en tant qu’adulte aura même parfois tendance à renforcer le problème.
Il est évident qu’il est invivable de rester inactif.
Quelles sont vos actions possibles ?
Ne surtout pas amoindrir ce qu’il vit.
En tant qu’adultes, nous avons une forte tendance à voir les problèmes de nos enfants comme quelque chose de dérisoire. Hors, dans son cerveau immature, les émotions peuvent être des vagues très violentes. Si vous lui affirmez que ce qu’il vit n’est pas grand-chose, que cela passera, il sera complètement perdu entre votre discours et son ressenti. Validez sa détresse et prenez le temps de l’écouter avec attention. Il doit redevenir le centre avec vous. Si son émotion ne peut s’exprimer, elle ne peut se décharger complètement et reste ainsi bloquer dans son corps.
Même s’il amplifiait la véracité des faits, son ressenti, lui, est réel. C’est lui qu’il s’agit d’écouter.
Pratiquez des jeux de rôle.
Rejouez des situations qu’il peut vivre à l’école en alternant le moment où il est observateur, persécuteur s’il vit des agressions, rejeté, etc… Entrainez-le à avoir de bonnes répliques face à quelqu’un d’intimidant. Puis laissez-le s’observer dans un miroir. Il doit apprendre à avoir une posture corporelle adaptée. Le langage du corps parle énormément à l’inconscient. Si votre enfant semble recroquevillé sur lui-même, il sera plus facilement considéré comme une victime.
Ne portez aucun jugement sur ses mots et ses actes. Puis, à votre tour, jouez l’enfant mis à l’écart du groupe. Invitez-le à trouver des solutions pour vous. Ce sera peut-être une réponse complètement imaginaire du type : « une potion magique », ou au contraire des réponses plus concrètes. Aucun versant n’est mieux que l’autre. Prenez chacune des solutions proposées et amenez-le à réfléchir comment les mettre en place pour lui-même dans la cour.
Faire des activités extrascolaires ciblées.
Votre enfant, comme tous les autres, a forcément un domaine dans lequel il a plus de talent. Que ce soit la botanique, le chant ou le lancer de disque, il est intéressant qu’il se trouve dans un groupe où il pourra montrer des performances. Plus confiant dans ses capacités, il sera plus à l’aise pour se mettre en avant.
Quand il aura ressenti l’effet « j’ai ma place dans un groupe », il saura plus facilement le reproduire ailleurs.
Si vous voulez explorez plus en détails la gestion des émotions, cliquez là.
Quand nos enfants sont tristes, nous déplacerions des montagnes pour les faire sourire et régler la situation à leur place. Hors dans une situation de rejet voir même de harcèlement, ou dans la plupart des événements compliqués qu’ils vont affronter, ce serait leur enlever la possibilité d’apprendre.
« Un homme qui se promenait vit un cocon dans un petit trou.
Il s’arrêta de longues heures à observer la chrysalide, devenue papillon, qui s’efforçait de sortir par ce petit trou. Après un long moment, le papillon semblait faiblir et lui donnait l’impression qu’il allait abandonner. L’homme était convaincu que le jeune papillon avait fait tout ce qu’il pouvait pour sortir de ce trou, sans succès. Alors, il décida de l’aider : il prit un canif et ouvrit le cocon.
Le papillon sortit aussitôt mais son corps était maigre, faible et engourdi, ses ailes étaient peu développées et bougeaient à peine. L’homme continua à l’observer, pensant que d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter le corps du papillon pour qu’il puisse prendre son envol.
Il n’en fut rien !
Et le pauvre papillon passa le reste de son existence à se traîner par terre avec son maigre corps et ses ailes rabougries.
Jamais il ne put voler.
Ce que l’homme, avec son geste de gentillesse et ses bonnes intentions, ne comprenait pas, c’est que le passage par le trou étroit du cocon un stade indispensable qui permet au papillon de se renforcer suffisamment pour sortir de façon autonome du cocon qui l’enveloppait. Cet effort est vital pour que le papillon puisse développer ses ailes pour pouvoir voler. »
Donnez-lui des ressources et laissez-le être un papillon qui s’envole.
Super article Merci pour tes mots Ils sont très aidants Je partage ta vision des choses et notre rôle d’accompagnant Et ton histoire du papillon a la fin est juste magique <3
Merci sijosais! L’histoire du papillon n’est pas de moi, mais je m’en sers très souvent dans mon cabinet thérapeutique. Je la trouve très éclairante.
J’ai été une ado rejetée et mon fils est introverti, solitaire et n’a pas toujours les mêmes centres d’intérêt que ses petits camarades. Il s’intègre mal au groupe et n’a pas beaucoup d’amis. Je ne te dis pas les projections que je fais moi aussi. Il va sans dire que je ne le vis pas de façon sereine. Je me demande si j’ai une part de culpabilité et ce, bien que nos vécus soient, tout à fait, différents et qu’on ne vit pas les choses au même âge. La moitié du temps, j’ai l’impression qu’il en souffre, l’autre qu’il s’en fout. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’aime pas l’école. J’essaie d’être là, de ne pas lui transmettre mes angoisses mais j’avoue ne pas toujours savoir où se trouve mon rôle là-dedans en tant que maman.
Je te comprends. Notre rôle de parents est bien difficile à définir tant les attentes sont différentes pour chacun. En ce qui me concerne, j’imagine qu’il s’agit de donner à notre enfant le plus d’outils possibles pour qu’il sache être un adulte autonome et épanoui. Dans ton cas, peut-être peux-tu explorer la piste de la PNL pour avoir une communication optimisée avec ton fils. Cet outil te permettrait de lui suggérer beaucoup de choses sans que ce soit frontal.
Pourquoi pas, je vais m’informer 🙂
C’est une de mes grandes craintes. Ma fille a 4 ans, elle est assez timide. En fait, elle va plus aisément vers des adultes que des petits de son âge. Et elle est très affectée par les copains qui lui disent ‘tu n’es plus ma copine’ (ça dure 2 secondes, mais…) ou par le rejet. J’essaie de prendre du recul et je me dis qu’elle a encore le temps d’apprendre tout cela mais je crois que je n’en viendrai jamais à bout de cette peur ! Je note tes conseils, merci !
Attention, quand on a peur de quelque chose, on a tendance à le voir. C’est une facétie de notre inconscient! 😉 Probablement qu’en travaillant toi-même sur tes propres peurs, les comportements de ta fille te parviendraient avec plus de véracité, sans projections. Peut-être que simplement, elle préfère les adultes, pourquoi pas…
Ma fille subit elle aussi cet isolement car une des filles de la classe à décider que plus personnes ne devait jouer avec elle. Elle a attendu 3 semaines avant de nous le dire, elle a tenter des choses de son coter mais le mal être était trop fort et se fut des larmes chaque jours … nous en avons informer la directrice qui est aussi sa maitresse mais elle n a rien pris au sérieux et pire elle l’a prise en grippe. Alors apres de nombreuses discussions où on a chercher ensemble le soucis et des solutions je me suis aperçus qu en faite elle ne voulait pas être comme les autres filles à se faire diriger et être méchantes du coup elle c est rapprocher d un garçon très timide mais qui lui aussi ne rentrait pas dans le nouveau moule des enfants d aujourd’hui qui préfère pour certains avoir de faux amis que des vrai … aujourd’hui sa va mieux mais elle reste inquiète du regard des autres mais on est là et on l écoute. Apres mes sentiments personnel son tout autres j étais dans une tel colère de voire cette méchanceté envers ma fille et la directrice qui ne faisait rien … j ai passer quelques minutes le matin ou l après midi à l observer pendant la récréation et elle marchait seul dans la cours. Les filles lui hurlaient dessus si elle osait leurs parler ( elle en connaît depuis la maternelle mais elles préfèrent suivre la meneuse) c était horrible de ne rien pouvoir faire …
Bonjour et aujourd’hui où en est-elle ?
Je reconnais l histoire de ma fille de 10 ans et son maître et la directrice ne go.t rien…
Super article Merci pour tes mots Ils sont très aidants Je partage ta vision des choses et notre rôle d’accompagnant Et ton histoire du papillon a la fin est juste magique <3
C’est de loin ma plus grande angoisse concernant ma fille …
Merci pour cet article c’est vraiment intéressant. Mon fils n’arrive pas a faire des amis il me dit toujours qu’il reste seul à la récré et personne ne veux jouer avec lui pourtant il est très aimable et sociable. il fait de la natation et du taekwondo et c’est le même cas: refusé par les autres.
En tant que maman je sais pas comment l’aider à s’intégrer et faire des amis. Pas de voisin avec qui jouer et les enfants de la famille sont loin. j’ai essayé de l’inscrire dans plusieurs activités (la natation et le taekwondo c est malgré lui) mais il refuse tout après une ou deux essais