Il y a quelques semaines, nous avons regardé « Miss Pérégrine et les enfants particuliers » avec ma fille de 10 ans. Quelle erreur ! Pourtant, elle avait avalé le premier tome et commençait la lecture du deuxième. Mais c’est certain, la version film n’est absolument pas adapté aux enfants de son âge. Évidement, s’en est suivi une petite période de cauchemars et surtout une peur panique de traverser le couloir pour aller jusque dans sa chambre. Puis toute la culpabilité d’une mère qui pour une fois, n’avait pas vérifier l’âge recommandé.
Je me souviens de ma propre imagination fertile. Pour moi, ce n’était pas la peur de monstres aux yeux blancs. Je voyais par contre des serpents par centaine qui sortaient de sous les meubles. C’était terrifiant. Je voyais bien que mes parents étaient dans l’impasse face à cette peur. « Ca n’existe pas ! » me disaient-ils. Mais moi, je les voyais ! Et s’ils n’étaient pas réels, leur impact l’était lui.
Certains d’entre vous connaissent peut-être déjà la Programmation Neuro-Linguistique (PNL). Il s’agit d’une manière de comprendre et de transformer la façon dont les personnes apprennent, changent et se développent. Excusez-moi pour ce charabia. Tout ça pour dire PNL=super outil !!! Et le mieux, c’est que c’est assez simple d’accès. Laissez-moi vous présenter ce que l’on nomme les sous-modalités. Ce sont elles qui m’ont permis d’aider ma fille à dépasser sa peur des monstres. Ainsi elle n’a fait qu’un bref passage dans notre maison. Merci, au revoir la peur, encore une victoire de la PNL !

Les sous-modalités, qu’est-ce que c’est ?

Prenez quelques instants pour vous souvenir d’un moment agréable. Laissez revenir à votre mémoire des éléments importants qui vous ont rendu très heureux. Ressentez-les à l’intérieur. Puis notez la structure de ce souvenir selon vos 5 sens. Ce que vous voyez, entendez, ressentez, goûtez ou sentez. Certains sens ne seront peut-être pas sollicités dans ce souvenir. Prenez votre temps et détaillez toutes les particularités. Par exemple, si les éléments sont dans un premier temps visuels, regardez où se trouvent l’image. Dans votre tête me direz-vous, il serait étonnant que vous la voyiez « vraiment ». Mais comment est-elle dans votre tête ? Devant vous, derrière, sur la côté ? Situez sa position. Est-elle proche ou lointaine ? Fixe comme une photo ou mobile comme un film ? En couleur ou en noir et blanc ? Nette ou floue ? Vous êtes en train de recensez toutes les sous-modalités visuelles de votre souvenir. Puis il y a les sous-modalités des autres sens. En voici une liste non exhaustive :

  • visuel : position, proximité, mouvement, forme, couleur, netteté, taille, forme, luminosité, bordure/sans bordure etc…
  • auditif : volume, ton, tempo, rythme, intensité, timbre, direction, distance, intensité, etc.
  • kinesthésique : localisation, rythme, température, taille, mouvement, texture, liquide/solide, etc…
  • olfactif et gustatif : saveur, arôme, essence, salé, poivré, sucré, amer, piquant, mouvement, etc…

Je pense que vous avez saisi le truc.

 

Mais à quoi ça sert de détailler tout ça ?

Toutes ces sous-modalités sensorielles créent l’intensité de votre expérience. C’est en en changeant certaines que vous modifiez la tournure de votre ressenti. Par exemple, en imaginant que la représentation de votre souvenir grandit , ou bien qu’elle se rapproche de vous, comment se modifie l’intensité de votre émotion ? Elle devient peut-être plus forte, plus faible ou reste inchangée. En se transformant, le ressenti vous donne l’indice que vous avez décelé l’élément « critique » déterminant. Si l’émotion devient plus faible, alors faîtes l’inverse et dézoomez l’image pour en ressentir plus de saveur. Si elle s’intensifie, agrandissez la encore jusqu’à obtenir un cocktail de bien-être. Si elle reste inchangée, axez-vous sur une autre sous-modalité visuelle ou bien d’un autre sens.
En devenant capable de rendre encore plus agréable un moment de joie, vous devenez tout aussi capable d’adoucir une peur ou une sensation désagréable et pourquoi pas de les rendre neutres. Et ceci est un grand pouvoir ! Sans vous en rendre compte, vous avez cette ressource extraordinaire à l’intérieur de vous. La bonne nouvelle, c’est que votre enfant possède la même. Vous pouvez reprogrammer votre cerveau. Il suffit d’avoir envie de changer et d’être créatif. Les seules limites que vous et votre enfant avez sont celles que vous croyez avoir. Après tout, notre cerveau est identique à 90% à celui d’Einstein, de Marie Curie, de Gandhi ou bien encore de Bill Gates, alors tout est possible !
Vous pouvez travailler et faire évoluer tout ce qui vous gêne vous ou votre enfant : une timidité, une peur du noir, une peur de parler en public, la peur de ne pas réussir etc.…

 

Les sous-modalités du sentiment désagréable de ma fille ?

– Belette (de son surnom), quand tu vois les monstres, où est-ce que ça te gêne dans le corps ?
– Là ! (dans la poitrine)
– Et qu’est-ce que ça fait juste là, est-ce que ça appuie, est-ce que ça serre, ou autre chose ?
– C’est comme si ça appuie à l’intérieur.
– Ok. Ca ressemble à quoi ce qui appuie à l’intérieur ? Quelle forme ça a ?
– C’est un peu comme un gros cube.
– Quelle est la couleur de ce gros cube ? (Reformulez avec ses propres mots)
– C’est gris.
– Est-ce qu’il est dur ou bien est-ce qu’il est mou ?
– Il est tout dur et lourd.
– Quelle taille il fait ce cube gris.
– De cette taille (elle mime avec ses mains).
– Ok, tu perçois d’autres choses avec ce cube gris
– Non, il n’y a rien d’autre.
– Ok. A quel moment, il arrive le cube gris ?
– Quand je ferme les yeux, je vois les monstres avec leurs yeux blancs.
– Où est-ce qu’ils sont les monstres ?
– Là, devant, un peu sur la gauche.
– A quelle distance ? (Elle mime environ 2,50m). Quand tu les vois, ils sont sombres ou lumineux ?
– Ils sont sombres mais les yeux sont lumineux. Je vois surtout les yeux, c’est ça qui me fait peur.

Pour résumer, la sous-modalité « critique » est la luminosité dans sa représentation et cela entraîne la perception d’avoir un cube lourd et gris dans la poitrine.

 

Comment terrasser le cube gris ?

– Comment il se transforme le cube quand tout d’un coup tu imagines une grosse lampe qui éclaire les monstres ? (Là, c’est votre imagination qui entre en jeu. La grosse lampe n’est que le fruit de ma déduction : c’est trop sombre alors éclairons !)
– Je vois moins leurs yeux alors le cube il est moins lourd.
– En étant plus léger, est-ce qu’il devient déjà plus petit ? (avec le mot déjà, je suggère qu’il va forcément devenir plus petit à un moment donné)
– Oui.
– Qu’est-ce qui faut changer dans l’image pour que le cube gris soit si petit qu’il devient comme une chatouille ? (utiliser les verbes au présent pour l’amener vers l’objectif « il devient » même si le français est un peu abîmé, cela renforce votre suggestion)
– Il faudrait que la lumière soit si forte que les monstres soient éblouis. Comme ça ils vont fermer les yeux.
– Et qu’est-ce qu’il se passe quand les yeux sont fermés ? (au présent)
– Il n’y a plus de cube gris.

 

Mais est-ce que ça peut vraiment être si simple ?

Oui. D’une manière très étonnante, les choses peuvent être si simples. Dans les jours qui suivent, j’ai du lui rappeler de mettre la « grosse lampe » pour éblouir les monstres. Parfois, il est plus difficile de trouver l’élément critique et l’échange peut être plus long. Mais quoiqu’il en soit, avec un peu d’entraînement, l’outil devient assez simple à manier.
Parfois le cube gris, ou toute autre forme que l’émotion peut choisir d’emprunter, doit passer par des phases comme se couper en petits morceaux, ramollir, changer de couleur, de texture etc… Finalement, changer de sous-modalités lui-même avant d’arriver à quelque choses de satisfaisant.

Vous pouvez utiliser les sous-modalités avec n’importe quelle émotion de votre enfant et même sur vous. Avec les petits c’est encore plus efficace car ils n’émettent aucune barrière, ni doute sur la réussite, c’est même un jeu pour eux. La chose pouvant être bloquante c’est le mental, cette petite voix qui dit : « ça ne peut pas être si simple ». J’utilise cette technique tous les jours en cabinet, elle s’avère toujours puissante, alors, à vous de jouer!