Chaque enfant est unique. Son histoire, ses comportements, ses émotions, ses envies lui sont propres. Pourtant sans ses parents, il reste un être inachevé, en cours. Il va complètement s’adapter à la culture qu’on lui inculque. Parfois l’extraordinaire flotte dans l’air et cela donne l’histoire vraie d’Hadara, l’enfant élevée par un groupe d’autruches dans le désert sahraoui.  Quand il est retrouvé 10 ans plus tard, il se déplace, court, mange et est muet comme une autruche. L’enfant adopte les comportements qu’il modélise chez ses éducateurs.

Nous, ses parents, avons un rôle majeur dans son devenir. L’aider à révéler son être, à trouver son identité. Aucun adulte n’est plus heureux que celui qui s’est trouvé et qui vit en accord avec ses valeurs. Les hommes et les femmes arrivant à mettre de côté ce qu’on attend d’eux au profit de ce qu’ils aiment, sont bien peu nombreux.

Un éléphant pourtant bien traité, peut-il être aussi heureux dans un cirque que dans son milieu naturel avec ses congénères ? La dose d’affection transmise peut être abyssale, elle n’aura jamais le goût de la liberté et de la quiétude de vivre selon sa propre nature. Il en est de même pour chaque être vivant. La comparaison peut sembler dérangeante : mon enfant et un éléphant de cirque. Force est de constater pourtant que bien souvent, les enfants reçus en cabinet thérapeutique sont ceux à la recherche d’eux-mêmes.

Mais quelle est la nature de l’enfant ? Quelles sont ses prédispositions que nous bridons sans même nous en rendre compte ? Notre éducation, notre environnement, nous apporte des croyances que nous avons de la peine à remettre en question. Alors qu’en regardant de plus près, l’enfant a toute une palette de ressources qui se fanent au profit du « c’est ainsi ».

Réviser nos mœurs

Récemment, en lisant le Zahir de Paulo Coelho, j’ai découvert une anecdote très intéressante. Aujourd’hui, la distance qui sépare les rails de chemin de fer est de 143,5 cm. Pourquoi pas 140 ou 150 cm qui semblent être une mesure plus simple à exploiter ?  Les premiers wagons ont été construits avec les mêmes outils utilisés pour la conception des voitures d’alors. Elle-même construites avec cette dimension pour correspondre avec  la taille des routes antérieures. Ces routes ont été elle-même construites dans cette largeur par les Romains car leurs chars de guerre  étaient conduits par 2 chevaux. Ces 2 chevaux côte à côte prenaient 143,5 cm de largeur sur la route. La taille de nos trains, de nos voitures et de tout autre véhicule potentiellement créé dans le futur est déterminée par les Romains et leurs chevaux.

Où je veux en venir ? Nos mœurs viennent parfois d’origines si anciennes qu’elles sont devenues complètement désuètes. Alors remettons-les en question.

Les prédispositions

Le cerveau du nouveau-né est prédisposé, sauf handicap ou troubles psychiques, à développer toutes les caractéristiques humaines telles que le langage, la communication, la mémorisation, le raisonnement, la création, l’imaginaire, le ressenti d’émotions, un sens de la morale et de la justice, l’empathie… Ces ressources sont à l’état embryonnaire, prêtes à s’adapter au monde qui entoure l’enfant dans un souci de s’adapter au mieux à l’évolution de l’humanité.

Toutes les expériences de l’enfant créent une connexion. Chaque ressenti est comme de la nourriture qu’il digère et retraduit par un apprentissage. Il modélise tout, le bon comme le mauvais. Puis il reproduit. Tel un ordinateur, son éducation est le code lui permettant de déchiffrer le monde qui l’entoure. Mais un ordinateur mal paramétré ne sera jamais dans son plein potentiel.

Dans son ouvrage « les lois naturelles de l’enfant » Céline Alvarez affirme : «  Le jeune enfant est câblé pour explorer, comprendre et conquérir le monde… Il ne s’agit pas là d’une volonté individuelle mais d’un élan naturel universel. La nature pousse le jeune être humain à comprendre le monde et les habitudes de son groupe social, par sa propre activité. Et lorsqu’il a la possibilité de le faire, cela lui procure une satisfaction immense qui le transcende, le met en joie, le fait rayonner et s’épanouir.  » 

L’enfant est curieux et est conçu pour apprendre, apprendre, apprendre. Mais il apprendra ce sur quoi il a des affinités, des prédilections.

Imaginez-vous : une chose vous fait envie, par exemple le nouveau livre d’un auteur adoré. Puis quelqu’un avec de l’autorité sur vous, vous oblige à en lire un autre, pour lequel vous n’avez pas d’attirance. Remis à l’échelle de l’adulte, il y a presque un caractère tyrannique dans l’injonction.

Evidement, il s’agit de rester le parent de son enfant et de le guider. Mais couper son élan ou le forcer à aller dans une direction qui ne l’attire pas semble être loin de ses besoins essentiels.

Favoriser la curiosité

Il est curieux par nature et est prédisposé pour cela, mais avec le système actuel, l’enfant est considéré comme « non-sachant ». L’adulte sait à sa place ce qui est bon pour lui et lui impose un résultat sans n’accorder aucune importance au processus pour y arriver. Cette manière de voir son rôle de parents amène l’enfant à rester passif et à ne pas s’interroger sur ce qu’il aime et ce qu’il est. Aucun parent ne voudrait pourtant que son enfant ne soit le clone d’un autre.

En le limitant dans l’exploration du monde et de lui-même, l’enfant ne peut produire des pensées créatives en envisageant d’autres solutions que celles qu’on lui a inculquées. Il ne sera alors que le produit de ses parents et de sa société. Alors qu’il est censé être lui-même !!

Il y a plein de pistes pour développer la pensée divergente chez votre enfant, mais la meilleure reste de laisser ouverte la porte de l’expérimentation. Quand un enfant apprend de ses erreurs et qu’il se sent libre, son cerveau ne fait que se développer. Face à des activités trop structurées voir rigide, son goût d’apprendre s’étiole et la possibilité de créer de nouvelles connexions neuronales s’affaiblit.

Pour le laisser être un petit humain à part entière, laissez-le être curieux et autonome. Einstein disait : « Je n’ai pas de talents particuliers. Je suis juste passionnément curieux. » Venant de lui, c’est un bon présage pour l’avenir de nos enfants.