A l’air de la dénonciation des harceleurs sexuels dans les médias, des hasthags #balancetonporc sur les réseaux sociaux, les esprits s’échauffent. Je vois ici et là, certaines mamans déterminées à inscrire leur fille au karaté pour pouvoir se défendre. Se défendre contre qui ? Les hommes ? Cela admettrait que les hommes sont des prédateurs et que les femmes sont des victimes fragiles. En anthropologie, il est constaté que l’être humain est la seule espèce animale où le mâle peut battre ou tuer sa femelle. Cette remarque amène à penser que cette dominance ou même violence existante dans certains stéréotypes masculins ne sont pas dans les prédispositions biologiques de l’Homme mais plutôt liées à sa conscience. Pourtant, en France, 100% des femmes ont été harcelées dans les transports en commun, 76% ont déjà été suivies dans la rue et 65% ont déjà subi du harcèlement dans la rue avant même leurs 15 ans. Ces chiffres font peur. Surtout quand nous sommes parent d’une petite fille.
Ma fille a 10 ans. Il y a quelques minutes nous faisions le tri dans ses vêtements remisant tout ce qui est trop petit dans un carton. En la voyant essayer ses jupes devenues un peu trop courtes, j’ai pu ressentir cette peur que ma fille devienne un objet de sexualisation. Elle a 10 ans, comment cela pourrait-il être le cas ? Je me demande si les mamans de petits garçons se sont déjà posées cette question : mon fils est-il trop sexualisé ? Ou bien est-ce une question que l’on réserve au genre féminin ?
Alors quelles sont nos actions éducatives qui amènent ce clivage ? Bien que les consciences évoluent et que de plus en plus, en France, les femmes et les hommes sont considérés comme égaux, il y a encore du boulot !
Le commencement
L’échographie amène le verdict : « c’est un garçon ! » ou bien « c’est une fille ! » La valse des prénoms peut alors commencer ainsi que le choix de la couleur de la chambre ou encore la garde-robe de ce futur bébé. En fonction de notre histoire personnelle et de nos propres représentations des hommes et des femmes, nous allons plutôt chercher de la douceur pour une petite fille et de la force pour un petit garçon ou encore quelque chose qui pétille pour l’un ou qui sonne romanesque pour l’autre. La différence posée entre l’éducation d’un petit garçon et d’une petite fille s’établit dès ce moment là. Demandez-vous vous-même comment projetez-vous l’attitude et le comportement « idéal » d’un petit garçon ? Puis d’une petite fille ? Ce ne sont pas les mêmes ? Le schmilblik est ici !
En France, les stéréotypes sont tenaces, il n’y a qu’à entrer dans un magasin de jouets pour s’en rendre compte. Au rayon fille, du rose et … du rose, des poupées, des cuisinières ou encore du maquillage. En face au rayon garçon, le bleu prend toute la place entre les voitures, les épées et les power rangers. L’existence même d’une séparation marquée entre les jouets par genre est déjà surprenante. Mais nous avons beau être exaspéré par ce sexisme flagrant, nous serions probablement choqués de croiser un petit garçon en robe ou une petite fille cheveux courts habillés en footballeuse.
Bien que déterminer à ne pas faire de différence entre nos garçons et nos filles, notre inconscient est plein de préjugés que nous pensons comme vrais. Et nous y croyons tant qu’il est difficile de les remettre en question.
En Suède, certaines écoles d’un nouveau type éliminent la théorie du genre. Au-delà de créer des espaces de jeu totalement neutre, c’est même le langage qui est révisé. Les pronoms « il » et « elle» sont supprimés de la communication pour utiliser un pronom neutre créé il y a quelques années. Il est simple d’imaginer qu’un enfant grandissant sans se focaliser sur le genre de ses amis, traitera hommes ou femmes en égaux. Mais cela renie le simple fait que certaines différences sont visibles. N’importe quel enfant curieux se posera des questions sur son identité sexuelle. Il est probablement un peu naïf et peut-être même dangereux de penser que de supprimer toutes références au genre peut éliminer les inégalités.
Entre « maman cuisine, papa bricole » et la suppression totale des genres, il y a probablement un entre-deux sain et écologique pour chacun possible.
Une étude réunissant des mamans et leurs bébés de 11 mois a été réalisée. Les mères avaient à leur disposition une pente dont elle devait choisir l’angle en jugeant par avance la capacité de ramper de leur bébé. Les résultats montrent que dans la grande majorité des cas, les mères prévoyaient que leurs filles éviteraient les pentes abruptes et que leurs garçons seraient plus intrépides. Globalement, elles étaient dans le faux car les filles avaient en réalité tendance à être plus audacieuses. Cela montre comment en tant que parent, nous sous-estimons dès la base, les capacités physiques de nos filles. Alors que les encourager à prendre des risques leur donnerait confiance et les aiderait à s’épanouir.
La différence entre le cerveau féminin et masculin
Malgré les progrès en neurobiologie, il n’existe pas d’expériences concluantes montrant des différences entre cerveau femme et homme autre peut-être que celles construites par l’environnement. Grâce à ses propriétés de plasticité cérébrale, le cerveau se façonne en fonction du contexte, des apprentissages et des expériences vécus par les individus : 90 % des connexions entre neurones ne s’effectuent qu’après la naissance et le cerveau reste malléable tout au long de la vie. Alors si des différences existent aujourd’hui sur une capacité à communiquer plus affirmée chez les femmes et un talent pour les mathématiques chez les hommes par exemple, elles ne sont liées qu’à notre éducation.
Que Faire ?
Nous n’allons pas changer depuis notre foyer les stéréotypes dans lesquels nos enfants évoluent à l’extérieur. Cela prendra du temps. Mais il est intéressant de se poser des questions sur la manière dont nous projetons nos croyances sur nos enfants. Votre fils peut jouer aux voitures et à la poupée. Il s’entraînera à être un bon père. Votre fille peut faire de la danse et du foot. Elle prendra confiance dans ses capacités physiques. Où est le problème ?
Quand s’arrêtera le harcèlement dans la rue ? Quand est-ce que les hommes s’arrêteront de penser qu’il est flatteur pour une femme d’être « draguée » par un inconnu ? Le jour où les pères et les mères auront remisé leurs croyances au placard. Il est de notre devoir d’accompagner nos enfants vers ce qu’ils sont et non vers ce que la société leur impose d’être.
Ton billet me parle beaucoup… j’avais écris un article qui concluait la même chose après avoir entendu des remarques choquantes de papa à leur fils. La société changera quand nous mêmes parents arriveront à ne pas cataloguer, à ne pas sexualiser à la moindre occasion… Et clairement, quand je regarder autour de moi (et même chez moi parfois), je me dis que ce n’est pas gagné et que les réflexes et les habitudes sont bien ancrées…
Virginie
Je dois avouer qu’en écrivant cet article, je me suis interrogée sur mes propres réflexes. J’ai réalisé que quand je vois ma nièce, j’ai tendance à la complimenter sur des aspects physiques, tels que “quelle jolie robe” ou “tu as de jolis cheveux”. En revanche, avec son petit frère, je vais être attentive sur des choses relatant à ses exploits sportifs, tels que la vitesse à laquelle il court, ou bien sa prise de risque en skate.
Même chez les gens bien conscients de tout ce qui se joue, il y a des choses tellement ancrées qu’on peine à les voir. Mais les mentalités changent, nous sommes qu’au début du chemin.
Je te rejoins à 1000 %. Le problème ne vient pas que de l’adulte mais surtout de son éducation. Après rien n’excuse ce type de comportement pour autant. Tu peux avoir été élevé dans une famille raciste sans pour autant reproduire le schéma. C’est pareil pour le sexisme.
Après, ce qui est certain, c’est que certains parents devraient adopter un comportement un peu plus mature parce que quand j’entends un père dire que son fils de trois ans ne joue pas à la poupée parce qu’il n’est pas gay… euh… on est dans quel siècle déjà ?!
Il y a aussi des comportements très ancrés. Par exemple, même sans penser à mal on ramène toujours les petites filles à leur physique : “que tu es jolie !”, “tu as des cheveux de princesse !”, “quelle robe élégante !”…
Bref beaucoup de travail et ça ne changera pas du jour au lendemain mais je suis confiante et dans la même dynamique que toi 🙂
Bises
Oui, soyons confiantes! Nos garçons et nos filles grandissent dans un monde bien moins tranché qu’à une époque plus ancienne, même si certains se sont stoppés dans le temps!
Je n’ai pas d’enfants, la question d’en éduquer n’est donc pas pour tout de suite. Cependant, j’aime beaucoup ton article. J’ai lu de nombreuses sociologues qui s’expriment à ce sujet, et effectivement, je pense aussi que beaucoup de choses se jouent dans l’éducation. Sans s’en rendre compte, nous pouvons véhiculer des stéréotypes aux enfants. Il est important d’en prendre conscience, à fin de déconstruire tout ça. Je me doute que c’est plus facile à dire qu’à faire, j’espère cependant que les mentalités changeront dans les années à venir !
Nous communiquons toute notre vision du monde à nos enfants! De notre manière de nous alimenter, à la manière de percevoir l’école et en passant évidemment sur la vision de l’homme et de la femme. Les croyances sont si profondément ancrées en nous que jamais il nous viendrait l’idée de les remettre en question. Mis à part si cela devient inconfortable ou bien si l’extérieur nous en fait prendre conscience. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui dans les médias et c’est formidable.
Je suis tellement d’accord avec ton article, il faut prendre le problème a sa source, dans notre transmission de savoir a nos enfants.
Seulement, c’est dur de le faire entendre dans nos familles ou parfois les stereotypes on la vie dur …
Oui c’est compliqué avec l’entourage! Mais la principale source d’éducation et d’apprentissage reste au sein du foyer avec les parents.
Heureusement!!!
Ton article est tres significant
Je l’adore beaucoup