Nous sommes des parents, des adultes éducateurs et bienveillants. En élevant nos enfants, nous nous rendons compte aisément qu’il est bien loin le temps des principes que nous nous étions fixés avant leur naissance. Sur le terrain, nous sommes bien souvent démunis. Même parfois effrayés face à l’intensité de leurs émotions.
Nous sommes de plus en plus sensibiliser à l’importance de notre rôle d’éducateur. Chacun de nos mots et de nos comportements ont une portée sur leur avenir. Qui peut se vanter d’être un éducateur parfait ? Nous grandissons en même temps que nos enfants.
Responsabilité, un mot qui peut faire peur tant l’enjeu est important. L’enjeu d’amener nos enfants à l’état d’adulte épanoui, autonome et libre de leur choix.
Une réalité économique et social
Un des principaux atouts que possède cet adulte « idéal », est sans nul doute une belle intelligence émotionnelle. Des études scientifiques le montrent aujourd’hui, cette intelligence-là, permet plus tard d’utiliser positivement ses émotions et de comprendre facilement l’autre. Elle est même de plus en plus plébiscitée jusque dans le monde de l’entreprise où les mots stress et burn out ne cessent d’inquiéter les organismes de santé public. Les dirigeants cherchent aujourd’hui chez leurs recrues, en plus des capacités professionnelles, une bonne gestion des situations énergivores et stressantes.
Le rôle des émotions
Peu de parents laissent les enfants vivre pleinement leurs émotions. Par exemple, quand un enfant tombe. Au moment où l’émotion commence à s’immiscer, qui n’a jamais dit : « Ne pleure pas, ne pleure pas, c’est rien ». Beaucoup de choses se confrontent. Notre propre souffrance de voir la douleur de notre enfant, la peur d’être un « mauvais père » ou une « mauvaise mère », des apprentissages qui nous viennent de nos propres parents. Nous pensons bien faire, et pourtant…. En empêchant l’expression d’une émotion, elle ne peut se libérer.
Nous vivons dans une société qui tend à cacher l’émotion. Il faut être fort ! Compétitif ! Pourtant les émotions sont vitales.
La peur nous permet d’éveiller notre vigilance. Tous les sens sont en alerte. Elle nous permet de nous protéger.
La tristesse nous permet de conscientiser le manque d’un besoin affectif. Elle nous informe donc de l’importance de ce besoin.
La joie donne de l’énergie. C’est un puissant carburant qui nous amène au désir de partager, de nous lier aux autres.
La colère permet de définir nos limites. Elle met en lumière l’obstacle qui amène des frustrations.
L’amour nous lie aux autres. Il révèle aussi nos besoins cruciaux et nos aspirations.
Le dégout permet de rejeter ce qui est nocif ou ce que l’on considère comme un « trop-plein ».
Une émotion dure quelques minutes au plus et se passe toujours en 3 temps : charge, tension, décharge. Ce processus est accompagné d’un apport d’énergie pour le corps. Quand l’émotion est « normale », la décharge fait du bien, elle soulage. L’expression de l’émotion apporte souvent de l’empathie des autres. Mais la société nous apprend à bloquer l’émotion et donc à rester en phase de tension. Nous bloquons notre respiration, nous serrons les poings ou retenons nos mots créant une « boule » dans la gorge ou dans le ventre. Les émotions sont alors réprimées, là où la simple expression et l’accompagnement auraient permis de dépasser rapidement le ressenti. L’émotion devient alors problématique.
De la peur au traumatisme…
… il n’y a qu’une vague incompréhension.
Parfois, nos enfants vivent des émotions si fortes, que cela les effraie. C’est comme des tempêtes. Les fonctions de leur cerveau qui leur permettent de prendre du recul et d’analyser la situation ne sont pas encore assez matures. Quand un enfant doit affronter seul ces tempêtes, son organisme sécrète de l’adrénaline et du cortisol (hormone du stress) qui ont un effet nocif sur son cerveau en construction. Quand les peurs sont importantes, l’amygdale cérébrale va stocker inconsciemment l’information. Elles peuvent ressurgir alors face à un stimulus, même à l’âge adulte.
Alors comment l’aider ?
Face à ces tempêtes, il y a 5 attitudes à adopter :
Etre sans jugement face à son émotion.
Elle vous paraît peut-être saugrenue, disproportionnée… Des mots d’adultes qui reflètent la distorsion de compréhension qui existe d’une même scène entre vous et votre enfant. Vous avez été enfant, ado, jeune adulte et à chaque période, vous avez eu une compréhension du monde et une manière de réagir à vos ressentis bien à vous. Prenez par exemple une musique que vous avez écouté en boucle à l’adolescence… l’écoutez-vous avec la même émotion aujourd’hui ? A chaque étape de notre vie, notre cerveau gagne en maturité et évolue. Il perd également en innocence. En plus de ces 2 mondes qui se confrontent enfant versus adulte, nos enfants envoient des messages cachés à travers leur réaction. Quand l’émotion est forte et que le stimulus semble très anodin, il est vraisemblable qu’il n’en est pas la cause réelle. La goutte qui fait déborder l’Océan. Alors la tempête se déchaîne ! Votre enfant peut avoir parfois un blocage pour vous exprimer certaines choses de sa vie, ou bien il n’a pas identifié lui-même que cela lui posait un problème. Alors pour attirer votre attention sur la problématique ou simplement décharger sa tension, il utilise un substitut. Voyez parfois comme juste une consigne telle que « brosse-toi les dents » ou bien « enfile tes chansons » peut les transformer en petit démon. Probablement qu’avant d’en arriver là, il a dû vivre une trop forte présence de stimuli extérieurs que son cerveau ne sait pas encore gérer. Ou peut-être quelque chose d’angoissant qu’il n’ose pas révéler.
Reconnaître qu’il ne le fait ni exprès, ni pour vous embêter.
A tout moment, quand l’émotion survient et qu’elle engendre un comportement inadapté ou quelque peu irritant, rappelez-vous que celle-ci est spontanée et qu’il n’a aucune capacité de contrôle dessus (surtout avant 5/6 ans). Une émotion est avant tout physiologique et est la résultante de causes diverses. Dites-vous que pour l’instant, ces causes sont simplement inconnues ou incompréhensibles à votre échelle (adulte). Pour vous aider à faire ce chemin et adopter la bonne attitude, imaginez-vous un instant à sa place. Vous vivez une émotion forte, trop forte. Vous n’avez malheureusement pas assez d’expérience pour la traiter intelligemment. Vous êtes réduit à vous rouler par terre et à pleurer tout ce que vous pouvez pour faire entendre votre ressenti, votre incompréhension. Pourtant il ne s’agit peut-être que d’un bonbon. Est-ce ridicule ? Êtes-vous ridicule ? L’est-il ? Ce bonbon exprime peut être un besoin plus profond (être écouté, être rassuré, être aimé, exister).
Montrez l’exemple.
Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde… Une bien belle phrase empruntée à M. Ghandi. Pourtant si nous la ramenons à notre foyer, elle prend une dimension bien réelle. En effet, le comportement qui découle d’une émotion vécue par notre enfant est un choix, mais l’émotion n’en est pas un. Ce choix est une notion qui est enseigné à notre enfant malgré nous. Parce que nous-même, nous nous offrons la capacité de choisir, de décider de ce que les événements extérieurs pourront avoir comme répercussion sur nos états internes, notre enfant aura tendance à modéliser ce type de comportement. En somme, montrez-lui le chemin et rappelez-vous que quoi qu’il arrive, vous êtes son modèle.
Comment vivez-vous les échéances ? La pression ? Les contrariétés ? Selon que vous soyez en forme ou non, que la vie soit rose ou grise, que vous soyez entouré ou pas et bien d’autres facteurs extérieurs, votre façon de vivre vos propres émotions, d’aborder la vie en adoptant tel ou tel comportement (optimisme/pessimisme, Sérénité/Colère) seront autant d’instants d’apprentissage pour votre enfant.
L’accompagner avec bienveillance et patience.
Nos émotions ne sont pas forcément adaptées à notre société. Celle-ci a évolué bien plus vite que notre ADN. La survie est toujours encodée au plus profond de notre génome. Nos réflexes, notre physiologie et notre biochimie sont les résultats de plusieurs milliers d’années d’évolution. C’est pourquoi face à une bête sauvage, un stimulus très fort nous est envoyé. Les glandes surrénales augmentent leur production d’adrénaline. L’organisme se mobilise alors pour la fuite ou la défense: accélération des battements du cœur, augmentation de l’acuité mentale, décomposition des graisses pour fournir plus d’énergie, etc…
Sauf que les peurs d’aujourd’hui, « peur du noir », « peur de la mauvaise note », « peur d’un vilain monstre », ne permettent pas réellement à nos bambins d’utiliser leurs muscles. La charge est envoyée. La tension est à son maximale, mais la décharge, où est-elle ? Comment lui permettre de s’exprimer ? Certains auront le réflexe de pleurer, d’autres non. Dans ce cas, la tension reste à l’intérieur. Laissez bouger, courir, crier votre enfant sous votre regard encourageant et bienveillant. Ah oui… armez-vous de patience tout de même !
L’aider à verbaliser.
Le cerveau du petit enfant n’a pas encore établi une très bonne connexion entre le verbal et le non-verbal (gestes, attitudes, expression du visage, ressentis, etc). Selon le chercheur Caroll Izard, apprendre à mettre des mots sur les émotions permet d’établir cette connexion. Sans les mots, la vie émotionnelle de l’enfant peut être troublée. Tout petits, leurs corps peuvent ressentir le dégoût, la peur, la joie… et ceci, bien avant que leurs cerveaux puissent en parler. Ils font donc l’expérience physiologique des réactions émotionnelles avant de savoir quelles sont ces réactions. Ce décalage est très complexe et leurs émotions sont alors intensifiées par une peur immense. Le verbal et le non-verbal sont deux systèmes neurologiques qu’ils vont devoir apprendre à connecter ensemble. Dans les familles, où les enfants ne sont pas invités à verbaliser leurs émotions, cette connexion se ferait mal. Sans cette verbalisation, le décalage entre les deux systèmes neurologiques persiste et laisse l’enfant dans un chaos émotionnel. Il est alors ballotté au rythme des vagues et du courant… au petit bonheur la chance comme on dit.
Par exemple, votre enfant vient de perdre son chat. Il ne comprend pas encore la notion de mort mais le manque est bien là. Quand son émotion n’est pas gérée, il va tourner en boucle et ressasser, donnant plus que de raisons de l’importance à son problème. En l’aidant à verbaliser, vous l’aidez à donner du sens à ses pensées et à les rationaliser.
Avec des tout-petits, affirmez « Je pense que tu es triste, parce que ton chat est mort ». Avec des plus grands, incitez-les à formuler des phrases « Je suis triste, parce que… ».
Aidez-le dans son récit. « A quel endroit, tu ressens cette tristesse dans ton corps ? Quelle est la taille de ton émotion ?… »
Des outils simples et pratiques
Nommer une émotion, la visualiser, lui donner une forme, une couleur, c’est déjà prendre de la distance par rapport à elle. Ça donne du sens à ce qu’il se passe et l’enfant n’est plus spectateur. Il ne se laisse plus diriger inconsciemment.
Alors, en étant le capitaine de son bateau, votre enfant parcourra parfois des mers agitées, des courants violents, mais il sera toujours le maître à bord. Il percevra ainsi l’horizon et le moment où l’orage retombe. Il saura alors faire des hypothèses, des déductions logiques, prendre du recul, se décentrer de son point de vue. Et finalement être un adulte épanoui, autonome et libre de ses choix.
C’est sur ces fondamentaux que l’HappyFabrik a développé le jeu « Capitaine Météo » pour aider les parents et leurs enfants à redonner du choix face aux émotions qui ne sont finalement que des réactions physiologiques. Dès leur plus jeune âge, ils peuvent ainsi acquérir les réflexes qui leur permettent d’avancer sereinement dans leur vie.
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